Mardi 30 octobre, 17h. L'avion atterrit à Athènes. Le bus qui nous emmène à la place Syntagma a changé de terminus. Trois arrêts plus tôt, le chauffeur nous demande de prendre le métro: "La circulation est bloquée autour de Syntagma"... normal.
Le temps de déposer nos sacs à l'auberge, à l'entrée d'Exarchia, on part jeter un oeil à ce fameux quartier. Premier arrêt dans un petit snack pour boire un coup (il fait chaud, on n'est plus en Belgique!) Le patron ne comprend pas l'anglais. On se débrouille pour lui demander une bière d'ici. Il envoie chercher nos deux bouteilles dans la maison d'à côté: "il n'en reste plus qu'une pour vous deux, ça ira?" On reprend la route et, un peu plus loin, on discute avec une fille qui tient un stand de livres devant une assoc où sont exposés des tableaux d'artistes immigrés: "Ce quartier, c'est le plus dangereux d'Athènes. C'est celui qui ne dort jamais". Elle nous file quelques adresses à l'air sympa qu'on ira découvrir plus tard.
Plus haut dans la rue, on passe devant une enseigne qui
nous attire: "Nosotros". On s'y engouffre. Une maison occupée super
classe, toute bien décorée et toute propre :) On discute avec quelques
anars accoudés au comptoir: "Les photos zapatistes? Ben, c'est pour
faire joli :)". La maison occupée existe depuis 6 ans. Ce soir, ils
organisent un concert de soutien à une radio libre, Entasi. On repassera plus tard. En attendant, on part reprendre notre exploration du quartier.
En
ressortant, on nous avertit: "Il y a des flics dans le squat un peu
plus loin: faites attention à vous!" Sur la place, pourtant, les gens
attablés sur les terrasses continuent à manger tranquillement, tout a
l'air normal... ou presque. On croise un jeune gars, téléphone en main,
qui marche vite, puis un autre. Au bout de la place, en effet, une rue
est barrée par une rangée de flics en tenue anti-émeute. En face d'eux,
un attroupement. Grand silence. On se demande s'il y a des gens dans le
squat. On nous répond: "Sans doute. On verra ce qui se passe". On
attend. Il y a une drôle de tension dans l'air, qui est là, perceptible
mais diffuse, comme fondue dans la normalité du quotidien.
Entre
temps, Neal et Alex ont débarqué. On retourne à leur rencontre vers
l'auberge. Dans les rues, on croise les flics en motos. Une fourgonnette
bleue, à première vue banale, à un coin de rue... remplie de policiers.
Au carrefour d'après, des flics contrôlent des hommes étrangers. Avec
Neal et Alex, on repart vers Nosotros. Le concert a commencé. Deux gars
qui jouent super bien. On se prend une assiette qu'on ne regrette pas du
tout et, en sirotant un bon raki, on profite de la soirée. Un camarade
de l'OKDE-Spartakos nous interpelle: "Vous étiez au camp des jeunes de la IVe cet été en Catalogne, non?" On se verra demain, avec les copains d'OKDE-Spartakos.
Pour
cette nuit, on rentre à l'auberge après un dernier tour du quartier.
Plein d'arbres dans les rues et sur les balcons, des chouettes lumières,
des bars tous cools, ambiance bobo, des murs remplis de tags et
d'affiches militantes. On note quelques dates de rassemblements antifa.
Après l'avenue du 28 octobre, changement de style. On croise quelques
junkies, dans des rues glauques, avec des bâtiments insalubres et des
maisons grillagées. On respire la misère.
Gilles nous rejoint un
peu plus tard à l'auberge. On se met à jour sur nos rendez-vous du
lendemain. Et on s'endort. Avec une impression d'état second. – Céline et Marc
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