Nous débarquons au Club Ouvrier tandis que se termine l'Assemblée Générale et le concert qui la suit. Nous sommes habitués à des entrevues avec un ou deux interlocuteurs. Ici, nos hôtes nous accueillent en collectif: Ilias, journaliste, actif dans une coopérative de journalistes à Thessalonique, à radiobubble et à Synaspismos, la principale composante de Syriza; Panos, journaliste, média-activiste à radiobubble; Katerina, journaliste, média-activiste, militante au NAR, principale composante d’Antarsya, étudiante en médecine (parfois), et pendant longtemps active dans le mouvement étudiant; Andreas, technicien, réparateur de voitures, militant du syndicat des travailleurs du métal; Tassos, chômeur, co-fondateur du club ouvrier; Dimitris, étudiant en médecine et Marina, Initiative de Solidarité à la Grèce qui Résiste (Belgique).
A l'initiative des Jeunes Anticapitalistes (JAC) et de la Ligue Communiste Révolutionnaire (LCR), nous nous sommes rendus à Athènes début novembre 2012 pour y rencontrer des militants de différents horizons mobilisés contre l'austérité, ses causes et ses conséquences. Via ce blog, nous diffusonsnos impressions, photos, interviews... De quoi s'inspirer pour développer la résistance ici aussi. Solidarité internationale! —Alexandra, Céline, Gilles, Guéric, Marc et Neal
mercredi 21 novembre 2012
Notes au vol sur les entretiens - Alexandra & Neal
Notes (pour la plupart en anglais) prises au cours des entretiens avec les militant-e-s que nous avons rencontré-e-s: Moisis (ex-journaliste d'Elaftherotypia), Aris (militant de Kokkino, Syriza), Mihalis (avocat en droit des étrangers), Panagiotis (blogueur de Greek Crisis), Tassos & Andreas (OKDE-Spartakos, Antarsya), Flora (syndicaliste du secteur de l'énergie), Dimitra (féministe), des membres du Club Ouvrier, des militants d'OKDE-Spartakos et Maxismos (Synaspismos, Syriza). Ca donne un petit aperçu d'ensemble...
samedi 17 novembre 2012
Première soirée-retour à Bruxelles
Marina, Céline, Gilles, Guéric, Charlotte (et Marc, caché) |
Sur fond d'un diaporama improvisé, Marina, de l'Initiative de solidarité à la Grèce qui résiste, nous a retracé un bref contexte historique de la Grèce contemporaine pour mieux comprendre la situation actuelle. Guéric a transmis nos impressions de touristes militants dans le laboratoire de l'austérité en Europe. Gilles a fait le topo des organisations politiques de gauche et des débats qui les traversent. Céline a parlé des mouvements sociaux et syndicaux que nous avons entrevus par l'intermédiaire des militantEs rencontréEs sur place. Enfin, Marc a introduit les deux courtes vidéos que nous avons projetées sur la montée d'Aube Dorée et sur la riposte des mouvements antifascistes. Et bien sûr que Neal et Alexandra étaient aussi avec nous en pensée depuis Séville ;)
Après le débat, au son d'un mix de musiques grecques, la soirée s'est prolongée avec quelques verres de tsipouro. Un grand merci à Laetitia et aux copains du snack libanais qui nous ont cuisiné gratuitement de bons petits plats. Leur vente jeudi soir nous a aidé à récolter 250 euros pour soutenir les militantEs grecQUEs antifascistes et ceux de la lutte contre la mine d'or à Skouries!
Vidéos sur YouTube . . .
Prochains rendez-vous à Liège le 28 novembre (19h30, 7, rue Soeurs de Hasque) et à Mons le 11 décembre (date et lieu à confirmer).
jeudi 8 novembre 2012
Un coup d’Etat passé sous silence - Braquons les projecteurs sur la Grèce!
Ce mercredi 7 novembre, le Parlement grec a voté le Memorandum III qui achève de lessiver un peuple grec déjà à bout suite aux mesures d'austérités précédentes. Tout comme le contenu de ce nouveau paquet de mesures, les circonstances de ce vote sont totalement inacceptables. Le matin même, la Cour de cassation estimait anticonstitutionnel ce projet de 800 pages porté à la connaissance des députés 24h avant le vote. Le gouvernement en place, "la Troïka de l’intérieur", n’a pas voulu en tenir compte et a imposé le vote, malgré la grève spontanée des employés du Parlement dont les salaires sont à nouveau réduits. Le Président de la Chambre a suspendu illégalement la séance pour faire venir les députés de la majorité qui étaient pour la plupart absents. Et c’est finalement avec une courte majorité de 153 sur 300 (alors que la majorité théorique est de 176) que le Mémorandum III a été adopté cette nuit. L’âge légal de départ à la retraite est désormais reporté à 67 ans, les indemnités de licenciement sont baissées et plafonnées, le salaire minimum est gelé à 580 euros (511 pour les jeunes)...
mercredi 7 novembre 2012
Mercredi 7 novembre - Gilles on facebook
Aujourd'hui, 95 ans après la prise du palais d'hiver et la révolution socialiste en Russie, les travailleurs/ses (avec ou sans emploi), les femmes, la jeunesse de Grèce et les aînés, toute la gauche sociale et politique, les anarchistes et les syndicats, vont sortir à nouveau dans la rue pour tenter d'empêcher le vote du criminel mémorandum 3 qui prépare la destruction de la population du pays.
Face à eux, la Troika globale (UE-FMI-BCE) et la Troika de l'intérieur (Nouvelle Démocratie, Pasok, Di.Mar), toutes les polices aux sympathies fascisantes, et l'intégralité des médias dominants de Grèce et d'Europe.
Ils se battent pour les exploité-e-s de toute l'Europe. Laboratoire de la violence capitaliste et des résistances, la Grèce sert de test dans la lutte des classes européennes, exacerbée en pleine crise du capitalisme.
Ne les laissons pas seuls.
Le 14, mettons-nous en grève, sortons dans la rue, occupons, débordons les bureaucrates qui accaparent nos syndicats! Et rdv le 15 pour une belle soirée de solidarité avec la Grèce qui résiste!
Lundi 5 novembre - Gilles on facebook
Ça y est, notre périple en immersion dans les luttes du peuple grec à Athènes touche à sa fin. Nous manquons de justesse les 48h d'arrêt de travail généralisé et de manifestations contre le Mordor-andum 3, à l'appel des syndicats. Le PAME, courant syndical du PC grec, n'a pas voulu soutenir un arrêt général de 72h - dommage!
Quoi qu'il en soit, dans la lutte des classes, aussi dure soit-elle, il n'y a pas de défaite définitive. Le combat continue donc, à Athènes comme à Bruxelles: rendez-vous le 14N pour amplifier au maximum la riposte en Belgique, et le 15/11 pour notre belle soirée de solidarité internationaliste avec le peuple grec qui résiste!
To the Greek comrades: let's meet again at the International Revolutionary Youth Camp next summer in Greece!
Until then, keep on fighting austerity and nazis, and don't ever forget your strength! ;-)
NO PASARAN! ANTARSYA!
lundi 5 novembre 2012
Lundi 5 novembre - Le jour où on aurait voulu rater l'avion - Céline
Nous nous réveillons tôt. Certains d’entre-nous espèrent pouvoir changer le billet de retour pour participer aux 48h de grève avec les camarades Grec-que-s. Toujours pas d’internet à l’auberge, nous allons dans un café wifi pour trouver les coordonnées de la compagnie aérienne. Près de 200 euros pour changer la date de retour. Sans compter les éventuels problèmes d’agenda pour le boulot. A contre-cœur, nous laissons tomber. Le temps de boucler les sacs et de saluer Neal et Alex qui normalement prennent leur avion le lendemain à Volos, nous quittons l’auberge direction place Syntagma. A pied. La grève des métros a déjà commencé.
dimanche 4 novembre 2012
Si nous nous unissons, à travers les frontières, No pasaran! - Intervention au meeting de l'Initiative contre l'euro et l'UE - Marc
Je suis de Barcelona, militant de Revolta Global - Izquierda Anticapitalista, la section de la 4e Internationale dans l’Etat Espagnol, qui est aussi l’organisation-soeur de OKDE-Spartakos en Grèce. Depuis un an et demi, j’ai émigré vers la Belgique à cause de la crise et des politiques d’austérité dans le secteur de la santé où je travaille. Je continue à militer avec la LCR-SAP, la section de la 4e en Belgique. Avec les camarades de la LCR-SAP et des JAC, l’organisation de jeunes en solidarité politique avec nous, nous sommes en Grèce pour rencontrer des militants qui résistent à l’austérité ici et qui se battent contre leur gouvernement et la Troïka.
En Belgique, après les élections municipales d’il y a deux semaines, plus de 15.000 jobs ont été perdus en une seule semaine. En Belgique aussi il y a une offensive d’austérité. Mais elle prend d’autres formes à travers le système social, qui y existe encore pour le moment. Le gouvernement belge a pris le même chemin que le gouvernement allemand pour sabrer en premier lieu dans la sécurité sociale et dans le pouvoir des syndicats, avant de faire la même chose que dans les pays du sud.
Dimanche 4 novembre - Ils sont en train de nous tuer… - Céline
Pendant que les autres profitent encore de leur lit, Marc et moi partons vaillamment vers la station de métro. C’est pas qu’on soit spécialement d’humeur matinale. C’est surtout que la cordiale camaraderie a conduit à désigner Marc comme orateur pour le meeting de l’Initiative pour la sortir de l’euro et de l’Union Européenne auquel Flora nous a invités. Direction Fix Syngrou, pour rejoindre le cinéma Microcosmos où se tient le meeting. Nous arrivons un peu en avance, tandis qu’on nous annonce le début du meeting avec un peu de retard. Au bar, on nous sert un café-filtre (ça change) et nous rencontrons la patronne, une Sévillane qui vit ici depuis 20 ans: "C’est scandaleux ce qu’ils nous font subir, en Espagne ou en Grèce. Qu’ils aillent se faire foutre avec leur austérité!"
samedi 3 novembre 2012
Samedi 3 novembre – Etre partout en même temps - Céline
Journée chargée. Nous nous sommes répartis les interviews hier soir. Neal, Marc et moi nous rendons au premier rendez-vous, avec Flora, syndicaliste du secteur de l'énergie. Certains d'entre nous l'ont déjà croisée en Belgique, lorsqu'elle est venue présenter "Catastroïka" avec Aris Chatzistefanou, le réalisateur de ce documentaire sur la privatisation des services publics.
vendredi 2 novembre 2012
Vendredi 02 novembre - Soleil, pistaches... et gauche révolutionnaire - Céline
La journée commence comme
une vraie journée de vacances. Grasse matinée, soleil dehors… et un sympathique
mal au crâne des bières de la veille. Aujourd’hui, les trains et métros sont en
grève. Mais les bus roulent. Neal et Alexandra ont décidé de se promener dans
la ville. Avec les autres, nous allons visiter une île.
Nous traversons donc
Athènes en bus jusqu’au port du Pirée. Une bonne heure. Dans ce port énorme,
plusieurs bateaux annoncent un départ vers les îles. Un guichetier nous
interpelle pour qu’on choisisse sa compagnie: "Don’t panic, it’s
there!" En effet, il n’y a pas foule. Dans le bateau, nous
traversons vite fait le grand salon vieilli et faussement chic pour nous installer
au soleil sur le pont et profiter au mieux de la vue.
Vendredi 2 novembre - Guéric
Vendredi, journée plus relax. Le métro est en grève. Pas les autres transports publics, car ce sont des syndicats différents. J’en profite pour aller visiter l’agora antique et méditer sur la fin des civilisations et le caractère éphémère de toutes les organisations sociales. Marcher dans les ruines de la Grèce antique quand la civilisation européenne basée sur la démocratie et le contrat social est en train d’être détruite procure un sentiment étrange. Surtout au milieu de touristes innocents… Au pied de l’Acropole, le quartier touristique de Plaka semble vivre comme si de rien n’était. Il est tout-à-fait possible de visiter Athènes sans sortir des highlights touristiques et, à moins d’être doué d’un sens de l’observation particulièrement développé ou de faire preuve d’une grande curiosité, de ne se rendre compte en aucune manière de la situation actuelle de ce pays.
La situation de la gauche politique en Grèce n’est ni glorieuse, ni enthousiasmante. Elle ne semble pas être capable de s’unir pour proposer une alternative crédible aux politiques européennes, ni et cela est tout aussi inquiétant, pour s’opposer au fascisme et au néo-nazisme. Le constat vaut même si on isole le facteur KKE et son sectarisme. Du côté des masses, l’heure semble être à la résignation. En fait, cela invalide le raisonnement souvent entendu en Belgique, selon lequel les Grecs se battent parce qu’ils prennent des coups très violents et qu’on serait résignés à attendre la même chose chez nous pour nous battre. Non ! Quand la résignation et la désunion sont installées, on n’est plus capable de se battre. Il faut donc porter le message de Panagiotis : « La meilleur manière d’aider et de soutenir le peuple grec, c’est de refuser la régression sociale dans les autres pays ».
Guéric Bosmans, 3/11/12
Vendredi 2 novembre - Gilles on facebook
Not so much to tell. We had planned to rest for at least a day, which we did. Neal and Alex stayed to visit the historical part of Athens, while Guéric, Céline, Marc and myself decided to go to Aegina, the closest island from Athens. The thing is that everyday something happens here, so there was a strike of the railworkers, metro, tram, trains...
jeudi 1 novembre 2012
Essayez d'effacer la mémoire... - Marc
C'est l’état actuel de l'arbre au pied duquel Dimitris Christoulas s'est suicidé en avril dernier. Après la célébration de sa victoire électorale, la droite a essayé d'effacer toutes les traces de souvenirs, témoignages et fleurs que la population laissaient sur place. Ils n'ont pas réussi, Dimitris reste bien présent dans l'esprit du peuple grec.
Jeudi 1er novembre - Ce n'est pas une crise, c'est une guerre! - Céline
C'est sur la place Syntagma que nous devons retrouver Panagiotis, blogueur de greek crisis. Nous sommes tous impatients de rencontrer cet ethnologue du terrain qui brosse avec tellement de justesse un portrait de la vie quotidienne du peuple grec. En se dirigeant vers un café plus au calme, nous passons devant l'arbre où Dimitris Christoulas a choisi de se suicider en avril dernier, sans autre alternative que le désespoir. Un arbre presque banal, si ce n'est des traces de tags et deux marques rouges. Jusqu'aux dernières élections, les citoyens venaient déposer là tous les jours des fleurs, des messages, des affiches. Puis les autorités ont décidé de tout effacer, essayant de balayer sous le tapis le souvenir des victimes du système. Comme si elles n'existaient pas. Comme si elles n'avaient jamais existé. Comme si elles ne nous ressemblaient pas. Comme un crachat de plus en pleine figure.
Jeudi 1er novembre - Gilles on facebook
We have problems with the internet at the youth hostel – I guess I can't blame the Troika for this! ;-) The blog will be updated very soon, don't worry. Anyway, today was again a very busy day. We had a very long discussion with Panagiotis Grigoriou (3 hours), who showed us the tree on Syntagma where Dimitri Christoulas shot himself in the head in April. New Democracy removed all traces of solidarity from the people, and the obedient media doesn't mention the huge number of suicides anymore.
Jeudi 1 novembre 2012 - Guéric
Jeudi matin, rencontre avec Panagiotis Grigorios,
historien-anthropologue qui tient le blog en français greek crisis. Analyse passionnante et fine de l’évolution de la société
grecque. L’histoire effrayante de la destruction méthodique d’un système
social, au profit d’une oligarchie nationale et d’intérêts étrangers.
Destruction de la démocratie et de l’état de droit, également. Constat
d’impuissance par rapport à la réaction de la population, victime de la
résignation.
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